Livre en trois parties séparées composé de

JEAN ROGER RIMBAUD - LA FETE DE LA PARESSE - LE RANDONNEUR

 

Livre avec textes de Philémon Le Guyader.

 

Illustration de couverture de Jacques Cauda.

 

Illustrations intérieures de Jacques Cauda et Philémon Le Guyader.

 

Parution en 2025.

 

 

 

 

JEAN ROGER RIMBAUD

  

Jean Roger est persuadé d'être le fils d'Arthur Rimbaud, les chapitres du livre racontent l'existence de Jean Roger, réelle ou fantasmée.

 

Partie 1. Charlestown

Partie 2. Paris

Partie 3. Bruxelles

Partie 4. London

Partie 5. Danemark-Suède

Partie 6. Batavia des Indes

Partie 7. Zanzibar

Partie 8. Aden

Partie 9. Ethiopie

Partie 10. Retour en France

Partie 11. L'hôpital de la Conception à Marseille

 

 

 

 

 

 

 

Les personnages du livre avec leurs références historiques (liste non exhaustive) :

 

. Jean Roger Rimbaud (fils supposé d'Arthur Rimbaud)

. Marie Cerise Coffre (Vitalie Cuif-Rimbaud, la grand-mère de Jean Roger)

. Molle Berlaine (Paul Verlaine)

. Mathilde Beauté (Mathilde Mauté-Verlaine)

. Georges Bluzambard (Georges Izambard)

. Father Breu (Charles-Auguste Bretagne dit Père Bretagne)

. Paul Demi (Paul Demeny)

. Nestor La Haie (Ernest Delahaye)

. Nestor Maillot (Ernest Millot)

. Loulou Péquin (Louis Pierquin)

. Teuton Ancien (Germain Nouveau)

. Pataud Bourriche (Paterne Berrichon)

. Zaza (Isabelle Rimbaud)

. Eddy (Frédéric Rimbaud, le frère de Jean Roger)

. Monsieur Loisset (le propriétaire du cirque Loisset)

. Janika (Mariam, la mère éthiopienne de Jean Roger)

 

 

 

Je m'appelle Jean Roger Rimbaud, j'ai pas loin de 17 ans, j'ai vécu ma tendre enfance dans les Ardennes, à Charlestown, pour être plus précis, je suis né en Ethiopie mais ne suis pas resté vivre là-bas, enfin, mon père n'est pas resté vivre là-bas, il n'en pouvait plus de l'Afrique et d'ses trafics, il n'en pouvait plus de s'ennuyer là-bas, qu'il disait à qui voulait bien l'entendre.

 

Mon père est un poète connu, une icône mondiale, pour tout dire, c'est le Che Guevara de la poésie, ne l'ai jamais vu écrire un seul vers mais puisqu'on le dit, qu'c'est un immense poète, j'veux bien le croire, moi aussi j'écris, oui, j'vous le dis ! En tout cas, j'me fais chier à Charlestown, dans les Ardennes, j'vis chez ma grand-mère, Marie Cerise.

 

J'aime le rap et le skateboard, j'les pratique généralement seul car j'ai peu d'amis à Charlestown, l'école, j'm'en fous pas mal, j'dois bien le dire, à part la poésie, que j'aime bien, mais y'a pas de poésie à l'école, tous mes profs sont des cons, des ignares, surtout les profs de français, à part Hugo et Prévert, ils ne connaissent rien, ils connaissent mon père, Arthur Rimbaud, j'leur dis pas qu'c'est mon père, bande de nazes légumes couillons d'profs ! BNLCP, j'vous aime pas, vous ne servez à rien, y'a tout de même un prof que j'aime bien, Georges Bluzambard, mais à part lui, rien, peanuts ploc ! Je ne parle même pas d'mes camarades de classe, si j'peux les appeler camarades, des imbéciles de première classe, first, first catégorie pour eux.

 

Charlestown, comme j'le disais, j'me merde là-bas, c'est une ville de merde, avec une populace de merde, même ma grand-mère, que j'aime bien, m'emmerde, c'est la merde quoi, la vie à Charlestown, la big merdasse merde.

 

Je suis né en Ethiopie, à Harar, pour être plus précis, mon père vivait là-bas et il m'a fabriqué avec sa jeune servante éthiopienne, c'est ma grand-mère, Marie Cerise, qui m'l'a dit, n'ai aucun souvenir de l'Ethiopie ni même du 20ème siècle, je sais c'est con mais c'est comme ça, me posez pas trop de questions svp, svp me posez pas, merci, c'est comme ça, c'est tout, on est en 2024, je sais.

 

Je vis chez ma grand-mère quai de la Madeleine, à Charlestown, scusez-moi si j'me répète, c'est à Charlestown que j'vis, dans un appartement, j'ai un frère et deux sisters, l'appartement est assez cossu, ça va.

 

Je suis élève au lycée de Charlestown, c'est bof, j'ai les meilleures notes mais c'est bof, suis le meilleur en français et en latin, oui j'ai pris option latin et c'est rare de nos jours, mais j'aime bien les mots, donc j'ai pris latin en option, je sèche pas mal les cours, faut le dire et j'le dis, suis en terminale et j'fais les mots d'excuse, j'invente des trucs bidons et signe du nom de Marie Cerise Coffre, ça ne risque pas d'être au nom d'mon père ou d'ma mère car ne les ai jamais connus, ils sont absents, les ai jamais connus, donc c'est ma grand-mère qui m'fait office de mother.

 

J'aime bien mon frère, Eddy, c'est pas mon frère en fait, mais on a été élevés ensemble, chez la mother, la vieille, c'est idem pour mes sisters, mon frère et mes sisters sont pas les enfants d'Arthur, contrairement à moi, j'tenais à le dire donc j'l'ai dit, c'est tout, les aime bien mais on n'a pas le même sang, voilà, oui, voilà, c'est tout, c'est tout et c'est comme ça, comme ça.

 

Les journées sont mornes à Charlestown, heureusement j'ai mon téléphone que je visionne sans fin, je visionne tout et rien, j'aime bien écrire, lire un peu moins mais je lis tout de même, j'aime bien la poésie, j'aime bien la poésie.

 

J'ai peu d'amis à Charlestown, en tout cas de mon âge, des amis de mon âge en fait j'en ai pas, à part peut-être deux ou trois, par contre ai un camourade, Father Breu, un anourchiste, on va ensemble au bar où il me paye des coups, sacré Father Breu ! Il me prête des livres, et des bons, Qu'est-ce que la propriété ? De Proudhon, par exemple, ou Le Droit à la paresse, de Paul Lafargue, ou bien encore Dieu et l'Etat, de Bakounine, c'est un bon Father Breu mon ami !

 

Ma grand-mère, bon... elle a une tête en forme de cerise et ne pense qu'à l'argent, c'est une grippe-sou genre catho, pour ça que je la nomme Marie Cerise Coffre, les sous les sous dans le coffre ! Une vierge, mon cul ! Marie Cerise alias la GM, la GrandMother.

 

Donc voilà, c'est pas folie, folie folichon la vie à Charlestown, heureusement qu'j'aime bien écrire, ça m'sort de mon quotidien, j'ai l'impression d'être le seul à écrire, ici, dans ce trou, j'écris des poèmes de rappeur, les chante pas, pas encore, mais ça va venir, ça va venir, ça va venir.

 

Je n'allais pas passer toute ma vie ici, l'ai tout de suite percuté, ça, que j'n'allais pas passer toute ma vie, ici, dans ce trou, ce trou de merde, Charlestown de merde, avec Marie Cerise, Marie souris Cerise grippe-sou et mes sœurs, et mon frère, non, pas possible, pas possible.

 

Father Breu m'a parlé d'un poète parisien, Molle Berlaine son nom, un poète rappeur, d'après Father Breu, il a bien senti, Father Breu, que Charlestown était trop p'tit pour moi, que j'valais plus que ça, il m'a dit que Molle Berlaine avait déjà une p'tite réputation, à Paris, contacte-le, qu'il m'a dit, oui, why not, mais comment ? Tu as son contact ? Que j'ai répondu à Father Breu, il avait son numéro de téléphone, il me l'a donné.

 

(...)

 

 

 

 

Jean Roger Rimbaud à Camden (London).

 

 

 

Molle Berlaine.


 

 LA FETE DE LA PARESSE

 

(...)

C'est ainsi qu'on arriva au café Le Bon coin, Le bon coin avait un aspect basique, pour ne pas dire merdique, mais il y avait une terrasse au soleil et Lilou Maria adorait le soleil.

 

Lilou Maria, comment dire ? Elle était assise en face de moi en attendant que quelqu'un ne vienne prendre notre commande, quelqu'un est arrivé et nous avons commandé chacun une bière, Lilou Maria pour tout dire, tu la voyais tu ne voyais que ça, un corps céleste plasmatique rayonnant sa propre lumière par réaction de fusion nucléaire.

 

(...)

Donc voilà, oui voilà, après avoir chié sur le patron et pissé dans les chiottes sans s du bar merdique, je parle de moi car Lilou Maria n'avait pas bougé de la terrasse, s'enfilant simplement une bière au soleil, nous nous sommes rendus en contrebas, où se situait La fête de la paresse.

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Déjà en arrivant, nous constatons que de berges il n'y en a pas, ou peu, par contre il y avait un gros pont massif en pierres, me suis dit : ce pont semble dur mais pas autant que les nibards de Lilou Maria.

 

Première chose à faire : aller à la rencontre du directeur de cette partouze hippie, il est où le dirlo artistique de la fête ? Que j'ai demandé au premier groupe sur lequel je suis tombé, groupe qui semblait être un groupe de bénévoles, Yannick ? Que m'a répondu l'un des bénévoles, sais plus son prénom, il m'a invité à faire une perfo ici que j'ai ajouté, c'est moi qui ai le camion à poèmes, je suis Philémon et je vous présente Lilou Maria, alias Lilou M, qui sera mon assistante, que j'ai conclu.

 

Bon ben voilà, le décor était planté, j'étais le poète au camtard et avais une donzelle aux nibards explosifs avec moi.

 

Le Yannou Yannick n'étant pas là pour le moment, je suis donc allé avec la plante exotique au comptoir improvisé qui faisait office de bar, on the berge, c'est d'ailleurs vers là-bas que les bénébénévoles nous avaient dirigés, Yannick passerait là-bas dans pas longtemps, d'après eux.

 

Lilou M avait soif, elle voulait une eau à bulles, un Perrier quoi, j'ai demandé au type derrière le bar s'il avait ça, il m'a dit non pas encore, le bar n'est pas encore actif, qu'il ajouta, le festival n'est pas commencé mais par contre j'ai des bières en pack, si ça vous va, ça nous va qu'on lui a dit, on attend Yannick, que j'ai rajouté, je me suis dit qu'il n'y avait que des bras brisés à cette fête de la paresse, j'ai caressé tendrement la joue de Lilou Maria.

(...)


 

LE RANDONNEUR

 

C'est l'histoire d'un randonneur qui durant son périple sur le GR côtier, fit une pause aux Roches B.

 

Le randonneur débarqua aux Roches B costumé d'une veste de crotard sur le dos, d'un bâton de marche à la main et d'un petit sac à dos, espérant trouver un hôtel, sauf que si hôtel il y avait il était un peu particulier.

 

Il était empli d'énergie, le randonneur, énergie accumulée au long de son périple, cela faisait plusieurs semaines qu'il parcourait le GR qui longe l'ensemble des côtes de France.

 

Il arriva dans le bâtiment qui sert de lieu commun, bâtiment majestueux et décrépit qui surplombe le GR.

 

Le randonneur : bonjour, je suis un randonneur, je cherche une chambre pour la nuit, où se trouve l'accueil s'il vous plaît ?

 

L'accueil se fait tout seul ici, qu'il s'entendit répondre.

 

Il prit acte et s'installa dans le majestueux bâtiment, bâtiment parsemé de différents personnages tous aussi loufoques et sympathiques les uns que les autres, l'installation se fit facilement et sans encombre particulier.

  

(...)

 

Le randonneur était arrivé en pleine forme aux Roches B, avant d’arriver sur le site il avait marché environ deux mois au départ de Dunkerque, qu’il se plaisait à dire à l’assemblée des Roches B, deux mois de marche sur le GR côtier pour arriver aux Roches à la pointe sud de la Bretagne, les Roches B qui n’étaient qu’un point de halte pour le randonneur, en effet ce dernier avait prévu d’aller jusque St Jacques de Compostelle, pour aller prier, car oui le randonneur était à moitié catho, un blaireau de catho en toc, que ceux des Roches pensaient, sans lui dire, car les Rochards étaient genre coolosses et laissaient chacun faire et penser ce qu’ils voulaient, mais ils n’en pensaient pas moins à propos du randonneur, surtout ils n'en avaient rien à battre de son périple, il était fier de son périple le randonneur, mais les Rochards n'en avaient rien à battre, c'est con.

 

Malgré l'indéniable décalage entre les anars de Rochards et le randonneur, ce dernier fut apprécié, on aimait sa générosité (il faisait la vaisselle et le ménage), il était un peu con quoique pas si bête, c'était un bon gars genre formaté par son parcours dans l'EN, il avait appris pas mal de choses ici, à propos de la sociologie, la philosophie et l'anarchie, en effet les discussions tournaient souvent et sans fin, autour de ces trois thèmes, avec parfois un quatrième : la poésie. Le randonneur était un cake de base biberonné par le mammouth EN, un type dans le moule qui subissait la hiérarchie et le système, tout en profitant des avantages de ce système, pas con le poussin, pas con.

(...)