Dames errantes

 

Livre avec textes de Veronica G. Arredondo et gravures d'Abel Lozano (traduction d'Elise Person). 

  

66 pages

Format : 12 x 18

ISBN : 978-2-37517-019-9

Prix 12 euros (plus 3 euros de frais de poste).

 

Parution juillet 2021.

 

 Article de presse du 7 juillet 2020, paru dans le journal « El sol de León » (León, Mexique), écrit par Eloy Esquivel :

 

La poétesse essayiste mexicaine Verónica G. Arredondo a présenté son cinquième ouvrage intitulé Dames errantes : il s'agit d'un livre de poésie (en format de poche) qui évoque les femmes sorcières par le biais de courts textes en prose et en vers, illustrés par le graveur Abel Lozano.

 

 

 

Dames errantes a été virtuellement présenté à la Foire Nationale du Livre de León. Verónica, originaire de Guanajuato mais vivant à Zacatecas, explique que « l'idée de ce livre est de raconter par le prisme de l'écriture et du corps de la femme, la relation avec la nature, la magie et tous les éléments qui y sont liés ».

 

« Ce livre fait partie d'un projet sur lequel je travaillais depuis deux ans environ avec le graveur Abel Lozano qui a réalisé l'illustration de couverture. Il s'agit d'un ensemble constitué de neuf gravures et du livre de poésie dans un format de livre d'artiste » précise la poétesse en ajoutant que l'écriture est liée aux illustrations. Verónica souligne que Dames errantes est un livre influencé par le peintre et graveur espagnol Francisco de Goya : «Toutes les sections portent le titre d'une oeuvre de Goya, particulièrement en lien avec la sorcellerie, avec ses Peintures noires, les tableaux peints pour la maison des Ducs d'Osuna, comme Le Sabbat des sorcières, La cuisine des sorcières (Berganza et Cañizares) ou La lampe du diable ».

 

La poétesse, qui a obtenu le Prix national de Poésie Ramón López Velarde en 2014, explique que Dames errantes a été peu présenté jusqu'à présent à cause de la pandémie et que « c'est une réussite d'avoir pu le diffuser non seulement dans son format de livre d'artiste mais aussi dans son format de poche lors d'une Foire comme celle de León ».

 

« L'idée du livre et du projet de départ était de reprendre l'imaginaire très riche des illustrations de

nombreuses publications qui diabolisent la sorcellerie pour en parler par le biais de cette connaissance mythique et ancestrale de la relation du corps de la femme avec la nature ».

 

Verónica ajoute enfin que « Le livre est aussi influencé par la poétesse argentine María Negroni ainsi que par l'écrivaine uruguayenne Marosa di Giorgio ».

 

 (Traduction : Elise Person).

 

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En 2018, Philémon Le Guyader publie, pour la première fois en France, Je ne suis pas ce corps, de Verónica Gonzalez Arredondo, traduit déjà par Élise Person.

 

En 2019, le trio autrice-traductrice-éditeur récidive avec Dames errantes, un ouvrage de poésie doublé d'un livre d'artiste grâce aux magnifiques illustrations d'Abel Lozano.

 

Ces dames errantes, sont les sorcières. Ce titre est emprunté à Vincent de Beauvais, moine-encyclopédiste du XIIIème siècle, qui les voyait s'envoler vers le lieu du sabbat, cette assemblée de sorcières aux rites démoniaques.

 

A travers l'image de la sorcière, si présente dans la culture mexicaine et qu'elle dédiabolise, c'est toutes les femmes que Verònica Gonzalez Arredondo désire célébrer.  Elle explique que « l'idée de ce livre est de raconter par le prisme de l'écriture et du corps de la femme, la relation avec la nature, la magie et tous les éléments qui y sont liés ». 

 

Son inspiration vient de plusieurs tableaux de Goya comme Le Sabbat des sorcières.

Le titre original de ce tableau est El aquelarre, le lieu de regroupement de sorcières pour célébrer un bouc noir afin d'obtenir des pouvoirs surnaturels. Sur ce tableau, rempli de détails effrayants, le bouc, entouré de sorcières attentives, semble leur enseigner quelque savoir maléfique. 

 

Chaque chapitre porte le nom d'une œuvre de Goya. Verónica Gonzalez Arredondo et Abel Lozano en réinterprètent l'œuvre d'une façon très inspirée, sans plagier, ni trop décrire. 

 

Ces femmes, bannies de la société, marginales car refusant toute théologie pour n'accepter que les lois de la nature, elles inquiétaient le bien-pensant, contrevenaient au moralement correct et représentaient un danger pour les intérêts financiers et surtout pour l'ordre dicté par les religions. Ces femmes si souvent caricaturées avec des visages ridés, négligés, mentons en galoche, nez en crochet. 

 

Ces femmes, « Elles parlent la langue du feu, plient la leur contre le palais pour émettre des sons gutturaux. Elles dansent au rythme des tambours, de l'écorce et du fruit du baobab. Elles dansent les bras en l'air en préparant l'envol, avec leurs chants d'oiseaux vers le tourbillon bleu. Elles éveillent la férocité du tonnerre : elles accélèrent le chant du coq. » ... « Personne ne sait que quand l'une d'elles ôte ses bas, elle est capable de provoquer une tempête ».

 

Ces femmes condamnées jadis au bucher, ces sinistres actes de foi (auto-dé-fé), sont revenues un peu en grâce avec les mouvements féministes. « Elle a pris sur l'étagère l'un des flacons qui contenait des gouttes de pluie et l'a bu jusqu'à la fin ».

 

« L'eau avait été recueillie avant l'aube, dans l'empreinte d'un loup. Tout élixir accompagne la prière prononcée dans les airs, Aberah KeDabar. Sortilège. Ainsi, elle pourrait échapper au Jugement et aux lois écrites par des hommes. Elle resterait fidèle à son instinct. Elle ne pleurerait plus ».

 

 

Cet ouvrage fut pour moi une belle surprise, tant sur le fond que sur la forme, et je recommande vivement la lecture.

 

Denis Heudré (Babelio).