Nemo

 

Poèmes de Grégory Rateau accompagnés d'illustrations de Jacques Cauda.

 

Préface de Yan Kouton.

 

Nemo est un livre de damné comme on n'en fait plus beaucoup; né de l'association de deux sensibilités très marquées. D'un côté, le jeune poète en mouvement Grégory Rateau qui continue de tisser de livre en livre son chemin d'éternel exilé. Il est accompagné sur sa route par certaines figures de maudits qui hantent encore nos villes et nos bistrots et dont il esquisse ici le portrait. De l'autre côté, il y a le peintre Jacques Cauda, un artiste touche-à-tout désireux de redonner à ces invisibles, un visage, de les inscrire dans notre contemporanéité. Il fallait la folie d'un éditeur en marge pour décider de réunir enfin ces deux électrons libres.

 

 

 

Parution en décembre 2022.

 

Format : 12 cm x 18 cm.

38 pages.

Deux illustrations dans le livre.

ISBN : 978-2-37517-032-8

Prix : 6 euros (plus 2 euros de frais de poste)

 

 

Grégory Rateau est un écrivain et poète français né en 1984 dans le 93 et vivant aujourd’hui en Roumanie où il dirige un média. Il est l’auteur d’un premier roman, Noir de soleil, chez Maurice Nadeau (sélectionné au Prix France-Liban et au Prix Ulysse du premier roman 2020) et d’un recueil, Conspiration du réel, chez Unicité. Ses poèmes circulent dans plusieurs anthologies et dans une trentaine de revues en France/Corse, Belgique, Suisse, Roumanie, Portugal, Espagne, Pérou et Italie (Arpa, Verso, Place de la Sorbonne, Points et Contrepoints, Le Persil, Traversées, Bleu d’encre, Recours au poème…). Son recueil Imprécations nocturnes paru en 2022 chez Conspiration éditions a obtenu le prix Amélie-Murat 2023.

 

Article à propos du prix Amélie-Murat

 

Entretien avec Etienne Ruhaud

 


 

A la lecture de ce recueil, on peut dire que 'Le ciel est à la bourrasque". En effet, on y partage les angoisses et la mélancolie d'artistes et de poètes dans une sorte de ballade des maudits, "le[s] prophètes, le[s] suicidé[s]".

 

L'artiste maudit c'est celui qui, toujours en quête de pureté, refuse toute compromission dans sa vie comme dans son art, celui qui, suivant le précepte de Mallarmé, s'assigne la tâche de donner "un sens plus pur aux mots de la tribu." Cet "Enfant de la nuit", passant du temps à  traîner "à la terrasse Des Deux Magots", "lourd de sa carcasse" ,"maudit pour sa famille" et au-delà, mène "chemin solitaire"  et "rêve d'être compris mais y renonce aussitôt ".

 

De fait, cette radicalité dans la pureté lui vaut d'être mis à l'écart par ses contemporains, d'où le titre de cet ouvrage. Car nemo signifie en latin : personne, nul, sans valeur, méprisable, l'invisible dont on oublie le nomen. Et quand le poète se nomme Pessoa, personne en portugais, on comprend qu'il veuille multiplier les pseudonymes...

 

Porter la lumière sur ces artistes, injustement dédaignés de leur vivant, est une belle initiative, réalisée avec un style audacieux. Le fait de ne pas nommer ces peintres et poètes en fait plus qu'un hommage, c'est une véritable création d'une œuvre littéraire contemporaine, augmentée avec les illustrations surfiguratives de Jacques Cauda.

 

On aurait cependant aimé aller plus loin dans cette galerie de poètes maudits, mauvais génie, malchanceux, mal nés, mal vivants, mal morts, trop englués par le mal de vivre pour calculer une quelconque postérité. Il y a tellement de Basquiat, de Collobert, de Celan, de Luca, etc.

Mais cette lecture fut pour moi une belle découverte. Alors venez vers Nemo.

 

Denis Heudré.